Rencontre avec Hamza Attak, Security Engineer, en poste à Zurich. Parcours ingénieur à l’ISIMA, spécialisation F1 (Informatique des systèmes interactifs pour l’embarqué et le virtuel), promo 2011. Il a récemment pratiqué une intervention pour la filière Réseaux et sécurité informatique, eu égard à son expérience dans le domaine.
Quel fut ton parcours avant l’ISIMA ?
Prépa PTSI academiquement ; sur mon temps libre, nombreuses experiences en réparations mécaniques, électroniques, modifications et piratage de consoles de jeux vidéo.
Comment t’est venu le souhait de faire une formation spécialisée en informatique ?
C’est simple : l’informatique et la sécurité était ce que je faisais naturellement depuis que j’avais 15-16 ans, sur mon temps libre. J’ai choisi de poursuivre dans ce parcours qui est dans ma nature.
International : Où es-tu parti ? Peux-tu nous parler de tes motivations ?
Washington DC, USA ; Bristol, UK ; Zurich, Suisse.
Honnêtement et sans aucun filtre : fuir les mauvaises ambiances de travail en France (je n’en étais pas du tout conscient à l’époque, mais m’en suis grandement rendu compte quelques années après être parti), également le non-respect des jeunes employées – où les postes peu ambitieux scientifiquement sont un « passage forcé » pour quiconque en dessous de 25-30 ans, indépendamment des compétences du candidat -, enfin le manque d’opportunités intéressantes en France.
C’était il y a longtemps mais te souviens-tu d’appréhensions, de doutes avant le départ ?
Aucune appréhension avant le départ, à l’époque comme aujourd’hui avant de changer de pays.
Que retiens-tu de cette expérience ?
Je me suis toujours bien préparé avant chaque chose, mais cette fois il y avait énormément d’imprévus. J’en ai tiré une leçon : être encore plus prêt face aux imprévus.
Aujourd’hui, le Quitus prévoit 17 semaines d’expérience à l’étranger obligatoires pour les élèves ingénieurs, qu’en penses-tu ?
Je pense que c’est une erreur de le forcer. Il serait mieux de grandir une culture du travail en France, adaptée aux besoins locaux et également avec l’ambition que peut apporter la formation d’ingénieur. Sans cela, la fuite des « cerveaux » et les différents exodes ruraux continueront, la France continuera de ressembler aux US avec 20 ans de retard, avec les mêmes erreurs commises, en important des méthodes génériques, souvent déshumanisées et totalement inadaptées aux situations locales. Construire une culture locale, créer des opportunités et un attachement local est infiniment plus important à mes yeux.
Un programme local avec des agriculteurs, des mécaniciens, des couteliers – pour la région de Thiers par exemple -, où les étudiants résolvent de vrais problèmes du quotidien et qui impliquent leur environnement directement auraient, à mon avis, beaucoup plus de valeur.
Où as-tu effectué ton stage ?
Inside Contactless (absorbé par Rambus aujourd’hui), Aix en Provence et Hewlett Packard Labs, Bristol, UK.
Peux-tu nous parler de tes motivations ?
L’envie de prendre les projets les plus difficiles, où j’étais le moins confortable, où je pouvais apprendre le plus. Au même niveau, j’étais uniquement motivé par des projets sérieux avec des enjeux fondamentalement scientifiques. Développer ce qui a déjà été fait 50 fois ne m’intéressait pas déjà en première année d’ISIMA.
Quel était le projet ? Comment cela a influencé ton parcours professionnel ?
– Portage de compilateur pour Inside :
Cela fait maintenant 13 ans et on me contacte encore aujourd’hui pour me proposer des positions en relation avec ce travail, spécifiquement.
– Recherche dans le domaine de la sécurité et de la virtualisation pour HP Labs :
J’ai eu la chance de travailler avec des ingénieurs de classe mondiale et surtout de superbes personnes. Cela m’a fait revenir à HP Labs en 2015. Cela m’a également poussé à continuer dans les projets difficiles, la recherche appliquée en entreprise, le choix de projets avec véritable intérêt scientifique uniquement.
Comment décrirais-tu ton parcours en entreprise ?
A 36 ans, je ne pense pas avoir encore assez de recul.
Quelles sont les forces et compétences que développe un ingénieur à l’ISIMA à ton avis ?
En préambule, il faut noter que c’est la prépa qui avait assis les compétences fondamentales, la méthodologie (permettant d’aborder n’importe quel problème).
Concernant l’informatique, j’avais la chance d’être passionné et arriver avec déjà quelques compétences et expérience à l’ISIMA.
Spécifiquement à l’ISIMA, la liste non exhaustive suivante peut être formulée :
- Confiance en soi et travail en équipe dans les projets et devoirs.
- Connaissances informatique fondamentales, grâce au programme pédagogique de l’ISIMA, pouvant paraitre daté à un étudiant, et pourtant si contemporain dans les faits (en espérant que le programme soit aussi « vieux » aujourd’hui encore). Les connaissances fondamentales, dans tous les domaines, ne se démodent jamais.
- En continuation avec la prépa et le sport, la constance dans l’effort, via les devoirs, les présentations, les examens et les différentes activités liées à l’école.
Au-delà de ton métier qu’est ce qui t’importe (dans le quotidien, la société…)
Les valeurs humaines, l’honnêteté, l’entraide, le travail vrai et bien fait. Également celles du sport, si possible en visant toujours l’excellence, aidant à comprendre qu’il n’y a pas de raccourcis dans cette vie qui ne se paye par la suite, donnant la valeur des responsabilités de ses actions, de l’effort et de l’engagement dans le temps.
Quel conseil donnerais-tu au jeune ingé que tu étais en 1re année à L’ISIMA ?
Ne pas avoir peur de se planter, des mauvaises notes. Continuer malgré tout, rester positif en absolument toute condition. Être patient avec soi-même et ses échecs est l’une des choses les plus difficiles à comprendre pour un étudiant.
Comme pour le sport, le cerveau est un muscle, l’humain progresse uniquement dans l’inconfort, dans les courbatures (attention tout de même à connaitre la différence entre une courbature et la blessure, voire la fracture…).
Pour les stages, si possible ne regarder rien d’autre que le projet, ne pas avoir peur de refuser les projets peu ambitieux où il n’y a véritablement rien à apprendre.
Une devise ?
Il n’y a rien de véritable dans ce monde, qui ne s’acquiert sans effort. Soyez forts, courageux et patients !
Merci beaucoup pour ta participation, et l’inspiration pour les nouvelles générations !